Sa Philosophie
« Quel est ton but en philosophie? Montrer à la mouche comment sortir du piège de la bouteille attrape-mouches » Ludwing Wittgenstein
Une autre réalité est-elle possible?
Que veut nous dire Wittgenstein? Brièvement, il nous invite à réfléchir à comment ne pas se faire pièger par une réalité qui ressemble tellement à ce que nous éprouvons, pensons, ressentons que nous finissons par la croire vraie…. Et surtout, ce qu’il nous dit, c’est qu’il existe des possibilités de sortir du »piège ». Mais, telle la mouche se cognant à la paroi de la bouteille, du fait de sa transparence, nous-mêmes nous butons sur une histoire, notre histoire à l’intérieur de laquelle nous nous sentons bien souvent un étranger. Cette histoire, comment elle nous a construit, sans que l’on nous ait demandé notre avis, c’est notre piège à nous… Posons nous juste la question: Si nous nous étions retrouvés dans une autre famille, une autre culture, un autre milieu…. Qui aurions-nous été?
Quand la réalité perd son sens
Il arrive parfois que ce que nous vivons, que les repères avec lesquels nous avons le sentiment de nous reconnaitre ne produisent plus un sens capable de nous motiver, de nous donner envie. Comme si la vie avait perdu de sa saveur, de sa couleur, de son sens… Des états, inconnus finissent par nous envahir: ennui, inutilité, inertie, lassitude, impuissance à se ressaisir, exaspération voire de l’agressivité… En lieu et place de la motivation, de l’envie d’aller de l’avant apparaissent des peurs irrationnelles, de l’angoisse, des appréhensions face à certaines tâches, de l’inconfort et du mal-être. Nous souffrons parce que nous sommes enfermés dans un monde de souffrance qui se cache et se montre à la fois…. Le doute et l’incertitude deviennent les référents d’une existence chargée d’insécurité.
Rendre la personne auteur et actrice de son histoire
» A mes yeux, l’expérience est l’autorité suprême…/… Ni la bible, ni les prophètes -ni Freud, ni la recherche- ni les révélations émanant de Dieu ou des Hommes- ne sauraient prendre le pas sur mon expérience directe et personnelle. » Carl Rogers
Ce qu’il nous faut, c’est retrouver la confiance en la personne que nous sommes et ainsi nous réapproprier notre expérience de vie afin de redevenir auteur et acteur de notre existence singulière. C’est de nous et de nous seuls, au travers des choix que nous faisons, des actes que nous posons et des décisions que nous prenons que dépend ce basculement. Mais pour que cela advienne, il nous faut nous dégager des scénarii à l’intérieur desquels nous tournons en rond, casser les automatismes, déconstruire les représentations, combattre les fausses croyances et les vraies certitudes…
Passer du réflexe à la réflexion, de la réaction impulsive à l’action réfléchie.
Pindare disait: » Il nous faut devenir qui nous sommes. » Mais comment savoir qui nous sommes lorsque l’histoire qui nous a construit nous a donné une identité et un cadre de référence : la famille, la culture, l’éducation sont des marqueurs identitaires tellement puissants qu’ils interdisent très souvent de se penser au-delà de leur cadre de référence. Et nous sommes une espèce qui pendant des années dépendons du bon vouloir des adultes.
Passer du désir de vouloir à la capacité de pouvoir
Ce temps de dépendance que représente l’enfance aurait dû être le temps des apprentissages existentiels, de l’autonomie, de la sécurité et de la confiance en soi. Il est devenu, bien souvent, le temps des rigidités, du doute, de l’insécurité et des égarements. De tout cela, il a fallu se défendre, se protéger et pour finir, s’éloigner de soi. Le centre d’évaluation de nos décisions c’est déplacé de l’interne à l’externe… C’est à partir du regard d’autrui, de ses désirs, de ses attentes et de ses exigences que nous avons appris à nous définir. Notre liberté d’être, notre autonomie se sont trouvées dépendre de la valeur qu’autrui pouvait soit nous accorder, soit nous retirer.
Se comprendre afin de commencer à se changer
Redevenir propriétaire de notre expérience de vie, ce qu’elle peut signifier pour nous, passe par la réduction de l’influence que nous accordons à notre passé. Non pas en rejetant ce passé mais en apprenant à comprendre comment notre personnalité c’est structurée face à un environnement qui n’était pas suffisamment favorable au développement de nos potentialités. Trop de besoins vitaux n’ont pas été satisafaits: besoin de reconnaissance, de compréhension, de non-jugement, d’accueil de soi, de confiance, d’être aimé pour soi…. Nous nous retrouvons profondément carencés sur le plan affectif et émotionnel et pour finir, à ne pas trop savoir comment faire et quoi faire de ces états qui grondent en nous. Il nous faudra apprendre à accueillir nos émotions,, à les écouter, à les comprendre et à les prendre en charge car : » Elles sont de bons serviteurs, mais de mauvais maitres « . Et la question que cela nous pose : Qui est au gouvernail de notre existence ?…..
Apprendre à comprendre son passé afin d’en réduire l’influence, c’est permettre à la personne de découvrir le pouvoir que possède un « JE conscient « , capable de se soustraire des causalités et de se dégager des déterminismes que sont la famille, la culture, l’éducation… Se comprendre pour mieux décider de ce que la personne veut changer afin que ce ne soit ni une théorie, ni une idée, ni un expert qui décident de ce qui est bon ou pas pour la personne. Et ce, à seule fin pour que sa vie ressemble à ce qu’elle désire être.